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La Pagode Bleue
15 novembre 2014

Ebolique Ebola...

... Comme me disait un collègue qui se démène à combattre la maladie en Afrique de l'Ouest.

A la hauteur de sa démesure, l'infectieuse maladie aura donc même produit ses propres adjectifs, symbole de son caractère hors-norme, de l'impensable, de l'irraisonnable. Comme tout travailleur humanitaire, l'Ebola est devenu pour moi en quelques mois (mais non sans retard : depuis seulement la fin de l'été alors que MSF lançait des appels sourds depuis le printemps) un sujet qui me concerne grandement.

Profitons que commence ce weekend l'annuelle semaine de la solidarité internationale un peu partout en France (renseignez-vous sur www.lasemaine.org et participez si vous le pouvez !) pour faire le point de cette nouvelle catastrophe qui touche l'Afrique. Mesdames et Messieurs, voici donc le moment venu de vous présenter : l'Ebola Week de La Pagode Bleue !!... Juste quelques posts 'spécial Ebola' de LPB dans les 7 prochains jours pour démystifier le phénomène et remettre certains enjeux à leur place.

Les courbes épidémiologiques les plus pessimistes parient sur une unité de comptage des cas qui dépasserait les 5 chiffres d'ici 2015, dans les 3 pays phares de l'épidémie que sont la Guinée, le Sierra Leone et le Libéria. Devenu enjeu mondial de santé publique, la maladie effraie. Pas seulement pour son caractère très contagieux qui traverse aisément les frontières sanitaires poreuses (à ce titre, le choléra l'est tout autant) ; mais par son taux de létalité (% de morts par nombre de cas déclarés) faramineux (de 50 à 90% des personnes contaminées !). Et cerise (vérolée) on the cake, en s'occupant des malades et en faisant la toilette funéraire traditionnelle des dépouilles, la maladie s'étend sadiquement aux proches et décime la majorité de la famille. Enfin comble du comble, en soignant les malades, le personnel médical est la cible préférée du virus. Decimées, les structures de santé se vident, de leurs personnels morts ou déserteurs par crainte légitime de ne pas être assez protégé (une infirmière d'un centre de santé en brousse n'a pas le même dispositif de protection que le costume d'astronaute vu sur les tarmacs d'aéroports américains ou européens...).

Alors faut-il trembler ?... En tout cas, surement pas autant qu'une partie de la populace américaine, enfoncée dans leur canapé et abrutie par une certaine propagande médiatique qui vénère et abuse du sensationnel en plaçant injustement le risque de contagion sur un piédestal, plus haut qu'il ne le mérite. Et la France ? Doit-elle avoir peur tous les soirs au 20 heures, me direz-vous ?... Vous voulez mon avis ? Et bien, inquiétez-vous plutôt de la montée fortement banalisée du Front National dans notre pays ! Pas grand-chose à voir, je le concède... mais dites-vous bien que vous avez quand même plus de chances de vous retrouver à vivre avec un élu extrémiste à vos côtés dans les prochaines années plutôt qu'un fiévreux ébolique !... Et aussi pour vous faire remarquer le risque n'en est pas plus dangereux. En effet, même si des cas de travailleurs valeureux partis combattre la maladie et revenus avec un virus en poche ou des voyageurs venus des pays infectés peuvent développer les symptômes une fois la douane française passée, le risque d'une épidémie à grande échelle (même limitée à un peu plus qu'une poignée de cas) reste, de manière objective et donc rationnelle, extrêmement faible voire nul. On peut donc dire que vous ne risquez donc rien !!

Vous en doutez ? Faisons un peu le point des facteurs de transmission. Si une personne infectée arrivait à passer le filtre des contrôles aux points d'entrée aéroportuaires, maritimes et routiers de l'espace européen, il faudrait ensuite qu'une fois contagieuse (c'est-à-dire visuellement très symptomatique), elle se retrouve dans votre  entourage. Ou bien qu'une personne ayant été en contact avec elle lorsqu'elle est devenue malade soit alors en contact direct avec vous tout en etant malade. Ça fait déjà un bon tri non ? Si, admettons que cela arrive, vous voyiez une personne hyper fiévreuse, très fatiguée et avec un immense mal de tête, etc., vous devriez en toute logique faire attention et ne pas être trop proche de la personne. Et comme la maladie ne se transmet pas comme une grippe (pas par voie aérienne), il faudrait être en contact physique proche et direct avec ses liquides corporels infectés, comme le sang, les diarrhées et les vomissements. Les vêtements souillés sont également contaminants, mais soyez raisonnables : ils ne passent pas inaperçus et peuvent être facilement désinfectés par lavage. Au pire, vous vous rendez compte que vous lui avez accidentellement tendu la main ? Meme si la transmission par la sueur reste faible, vous vous laveriez rapidement au savon ou au gel désinfectant, non? Ca fait un paquet de 'si' pour le francais lambda.

En 'cas de cas' sur le territoire, rassurez-vous : votre douce France est un pays avec de grosses capacités en surveillance épidémiologique. Comme pour le millier de gens comme ce fut le cas à Dallas récemment, des dizaines de personnes seraient suivis de près pour non seulement appliquer un traitement au plus tôt mais surtout pour contenir la contagion.

Bon pour les plus paranos, je vous l'accorde : je ne peux pas vous prédire un taux de non-risque frolant les 99,999999% mais on en est pas loin. Et pour les plus hypocondriaques, et bien vous voilà donc avec Ebola, c'est vraiment pas de chance !! Mais tenez-bon : les lobbys pharmaceutiques sont convaincus que les opportunités de business sont devenues très intéressantes, maintenant que les dégâts causés ont secoué les consciences et débloqué les budgets. Pour vous, un vaccin devrait donc arriver sur le marché d'ici peu !

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