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La Pagode Bleue
30 mai 2016

Les hirondelles reviennent au printemps

En avril, en se découvrant d’un fil, la Pagode Bleue s’est aérée au gré du renouveau printanier, comme avec l’air, pur et rafraichissant, du temps. La revoilà à nouveau toutes portes ouvertes, après une interminable saison d’abstinence narrative, comme au sortir d’un très long hiver, de 3 solstices consommés, sombres, givrés et brouillardeux, le ciel bas pesant sur ses épaules un fardeau collant. Place désormais à l’humeur joyeuse et requinquante qui accompagne la gaieté cliquetante, gaie, ingénue et toute candide des oiseaux, la vigueur retrouvée, gaillarde et fière des plantes et les parades colorées des fleurs fraichement exhibées.

Rien de mieux qu’une pause vacancière, des congés payés pas vraiment payés, pour franchir les obstacles d’une longue hibernation forcée. Parallèlement, la Pagode Bleue s’est imposée une purge de sobriété plutôt heureuse et pour laquelle seul le musée Guinness de Dublin, dans sa grande majesté moussante, aura su pervertir ses plus fortes réticences.

A défaut de certitude, les vacances ont ceci de bon qu’elles peuvent renforcer la conviction que des pages de vie doivent bien se tourner un jour ou l’autre. Pour l’instant, la Pagode Bleue se revigore dans son nid natal, base solide qu’elle aura quelque peu égarée le temps de remettre sa boussole vers la bonne direction. Elle s’efforce ainsi de retrouver un Nord qu’elle semble deviner et s’obstine à digérer les tumultes d’une traversée turbulente d’un désert plus long que prévu et qui prend fin paradoxalement sur cette ile verdoyante d’Irlande, grâce à une sirène tout aussi antillaise qu’évaporée aussi vite qu’un mirage.

A l’instar des cycles qui semblent éternels tellement ils se répètent, on retombe finalement toujours sur nos pattes, quel que soit le temps que cela demande. Suivant une mue incessante, la Pagode Bleue est à l’image de son propriétaire, ce drôle d’oiseau à la bougeotte insatiable. Tout cela marchera-t-il ? Peu importe finalement. Ainsi se termine la migration hivernale ; sans doute la Pagode Bleue en appellera d’autres, tout aussi peu prosaïques, à l’heure de nouveaux horizons trop ombragés et glacés de ses propres saisons.

La litote si belle et si calme d’une traversée atlantique aura fait chavirer son propriétaire, charmé par les appels délicieux et dont il restera éternellement reconnaissant d’une sirène antillaise. Ses chants l’attirent toujours autant. L’ancre, jetée à bon port d’origine, parviendra-t-elle à rester solidement attachée à un frêle banc de sable ? En tout cas, pour tout cela, du présent printanier à l’incertitude impalpable et enivrante du futur, gloire à l’Irlande, gloire à ce remède antillais et puis, gloire à moi aussi pendant que j’y suis !

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