Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Pagode Bleue

2 juin 2016

Les pieds dans le sable

Pour reprendre son chemin narratif laissé en bord de piste, un peu d’originalité et d’exotisme avec un rendez-vous en une terre inconnue pour La Pagode Bleue. Une petite virée au pays des Maures d’un ‘couple de semaine’, comme diraient les anglophones à titre sans doute juste puisqu’elles sont collées l’une à l’autre. Nouakchott, la capitale de Mauritanie et des dictées de Bernard, a des allures de ville posée sur une immense plage. Le sable fin s’immisce jusqu’aux cours intérieures, au bonheur des enfants et au grand dam des femmes et des hommes de ménage.

Avec son territoire taillé à coup de règle d’écolier sur une carte coloniale, la Mauritanie est un assemblage de peuples dominants et dominés. Le pays a une histoire récente et Nouakchott fut créée de toutes pièces fin des années 50 par les envahisseurs français, soucieux de choisir à ce pays mosaïque un site anonyme de revendications territoriales pour ne point s’encombrer d’exigences dérangeantes des peuples indigènes. Située en dessous du niveau de la mer, Nouakchott, plate comme un lac calme, jadis sauvée des eaux par les pompes françaises, se retrouve les pieds dans l’eau par endroits. Les digues protectrices de la ville repoussent les lents et continus assauts de la toute puissance océanique et attendent résignées que le réchauffement planétaire des pollutions du Nord vienne les engloutir.

IMG_4509

IMG_4515

Pour parfaire une description sommaire et géographique de cette ville sortie de nulle part, le ‘petit paumé’ que je suis s’étonne du contraste de la chaleur brulante du soleil à son zénith et de la brise nocturne rafraichissante des soirées ‘nouakchottiennes’. Sans doute la rencontre de 2 monstres sacrés de la région : le désert et l’océan.

Un quart de la nation s’abrite en capitale. La découverte du reste du pays, au moins la partie Sud, se fera lors d’une prochaine visite, prévue dans une bonne douzaine de mois au plus tôt. En attendant de poursuivre l’exploration mauritanienne à dos de dromadaire (ou plus vraisemblablement en 4*4 climatisé), je vais vous glisser un ou deux petits posts sortis de ma connaissance aride du coin (coin-coin).

Pour plus d'infos : 

Nouakchott, cité hantée par les eaux

Nouakchott (Mauritanie) envoyé spécial Et si Nouakchott disparaissait un jour sous les eaux ? Ce n'est pas le scénario d'un film catastrophe mais une menace lancinante, invisible, qui ronge tous les jours un peu plus la capitale mauritanienne. Science-fiction ? Il suffit de prendre la route qui mène du centre-ville au port de pêche artisanal, plein ouest.

http://www.liberation.fr

 

Publicité
30 mai 2016

Les hirondelles reviennent au printemps

En avril, en se découvrant d’un fil, la Pagode Bleue s’est aérée au gré du renouveau printanier, comme avec l’air, pur et rafraichissant, du temps. La revoilà à nouveau toutes portes ouvertes, après une interminable saison d’abstinence narrative, comme au sortir d’un très long hiver, de 3 solstices consommés, sombres, givrés et brouillardeux, le ciel bas pesant sur ses épaules un fardeau collant. Place désormais à l’humeur joyeuse et requinquante qui accompagne la gaieté cliquetante, gaie, ingénue et toute candide des oiseaux, la vigueur retrouvée, gaillarde et fière des plantes et les parades colorées des fleurs fraichement exhibées.

Rien de mieux qu’une pause vacancière, des congés payés pas vraiment payés, pour franchir les obstacles d’une longue hibernation forcée. Parallèlement, la Pagode Bleue s’est imposée une purge de sobriété plutôt heureuse et pour laquelle seul le musée Guinness de Dublin, dans sa grande majesté moussante, aura su pervertir ses plus fortes réticences.

A défaut de certitude, les vacances ont ceci de bon qu’elles peuvent renforcer la conviction que des pages de vie doivent bien se tourner un jour ou l’autre. Pour l’instant, la Pagode Bleue se revigore dans son nid natal, base solide qu’elle aura quelque peu égarée le temps de remettre sa boussole vers la bonne direction. Elle s’efforce ainsi de retrouver un Nord qu’elle semble deviner et s’obstine à digérer les tumultes d’une traversée turbulente d’un désert plus long que prévu et qui prend fin paradoxalement sur cette ile verdoyante d’Irlande, grâce à une sirène tout aussi antillaise qu’évaporée aussi vite qu’un mirage.

A l’instar des cycles qui semblent éternels tellement ils se répètent, on retombe finalement toujours sur nos pattes, quel que soit le temps que cela demande. Suivant une mue incessante, la Pagode Bleue est à l’image de son propriétaire, ce drôle d’oiseau à la bougeotte insatiable. Tout cela marchera-t-il ? Peu importe finalement. Ainsi se termine la migration hivernale ; sans doute la Pagode Bleue en appellera d’autres, tout aussi peu prosaïques, à l’heure de nouveaux horizons trop ombragés et glacés de ses propres saisons.

La litote si belle et si calme d’une traversée atlantique aura fait chavirer son propriétaire, charmé par les appels délicieux et dont il restera éternellement reconnaissant d’une sirène antillaise. Ses chants l’attirent toujours autant. L’ancre, jetée à bon port d’origine, parviendra-t-elle à rester solidement attachée à un frêle banc de sable ? En tout cas, pour tout cela, du présent printanier à l’incertitude impalpable et enivrante du futur, gloire à l’Irlande, gloire à ce remède antillais et puis, gloire à moi aussi pendant que j’y suis !

23 novembre 2014

Y aller ou pas ?

Troisième partie de l’Ebola Week de la Pagode Bleue…

Une épidémie d’Ebola, comme un nouveau terrain de travail ? Voilà plus de 12 ans que je me trimballe dans des contextes de crises profondes, fortes, invariables, chroniques ou soudaines mais toutes caractérisées par l’extrême pauvreté et l’accès caduque aux services de base, comme impossible garant d’un environnement sanitaire salubre. A côté des efforts d’aider les gens à échapper à cette faucheuse d’espoir permanente, il y a eu de nombreux types d’urgence imprévue. La guerre, les déplacements de population, le tsunami, les tremblements de terre, les épidémies de choléra, les inondations, l’insécurité alimentaire : cela faisait déjà beaucoup. Mais il en manquait donc encore… Vais-je rajouter l’Ebola à cette longue liste ?

J’en ai franchement douté au début, beaucoup moins maintenant. Lorsque l’OMS me proposa d’être détaché sur place, je me suis vraiment demandé à quoi bon envoyer un profil comme le mien, mis à part ma connaissance des zones d’isolement cholérique et l’expérience en gestion des catastrophes. Mais il m’est vite apparu que les besoins en santé environnementale (ce qu’on appelle principalement dans le jargon technique : ‘WASH’ qui regroupe les thématiques de l’eau, l’hygiène et l’assainissement – Water, Sanitation and Hygiene en Anglais, donc WASH) sont importants et relèvent d’une approche qui s’apparente en de nombreux points à celle de la lutte contre le choléra.

Reste que, comme la grande majorité des travailleurs humanitaires, les besoins de se former spécifiquement à cette réponse d’urgence sont indispensables, à la fois pour adapter les techniques habituellement maitrisées aux besoins spécifiques de la lutte contre cette maladie et pour bien assimiler les mesures de protection. Avec l’Ebola, le moindre détail compte ; chaque mauvaise pratique même anodine pouvant être fatale. La préparation doit être exceptionnellement bien affinée et la maitrise des risques par l’employeur doit etre totale. A mon avis, ce n’est pas auprès d’un centre de formation qui s’invente subitement la compétence, qu’il faut se diriger mais auprès des vrais spécialistes. Et là, mis à part Médecins Sans Frontières, l’absence de compétences est flagrante dans le monde humanitaire. Ce déséquilibre entre l’expérience et la nature du risque s’avère être un frein incroyable a la liste des personnes volontaires, alimentant le cercle infernal de la propagation dévastatrice du fléau. Pour ma part, j’ai refusé des propositions venant d’organisations humanitaires, certes de bonne réputation mais novices, comme moi, sur la question de l’Ebola.

Et le voilà donc le paramètre le plus nouveau et le plus contrariant : les travailleurs humanitaires sont vraiment sous la menace directe des conséquences de cette maladie, difficilement maitrisable. Globalement, toute crise humanitaire n’est pas sans risque et sans dégât pour le personnel; le nombre de morts grandit chaque année (avec l’ampleur des besoins et des réponses humanitaires aussi d’ailleurs). Mais jamais, le danger de l’engagement humanitaire n’a provoqué un tel sentiment d’être si démuni face à une maladie très contagieuse, sans remède et fatale plus d’une fois sur deux.

Le niveau de stress dans la pratique au quotidien doit être intensément élevé. A chaque petit coup de moins bien, que l’angoisse doit être grande (et légitime), venant glacer le sang et faire gamberger. Un petit rhume ou un mal de gorge qui s’annonce à cause d’une clim’ trop insistante ou d’une journée de travail harassante sous l’humidité ambiante ; une diarrhée ‘tourista’ si fréquente ; une perte d’énergie à cause des trop nombreuses heures de travail qui font oublier de prendre soin de sa santé ; un début de palu ; etc. Aux premiers signes de la maladie quelque bénigne qu’elle soit, le rythme cardiaque doit monter dans les tours. La pression doit être forte en attendant un diagnostic médical rassurant ou la fin des remous de santé passagers. Un collègue racontait aussi comment les nuits de sommeil sont parfois dures à trouver, à trop gamberger sur les dangers invisibles. Les zones Ebola deviennent des lieux dépourvus de contact physique. Finis les poignées de main et les contacts habituellement permanents entre les gens en Afrique de l’Ouest ; bienvenue la suspicion et la parano.

Mon domaine de compétences concerne les activités de mise en quarantaine des patients dans les Centres de Traitement Ebola et de la désinfection minutieuse au chlore de tous les déchets humains, cadavres inclus. Mon rôle ne serait pas de faire, mais plutôt d’encadrer les équipes sur place. Moins dangereux que celui des personnels soignants, ce type de travail reste à risque. En plein dans l’épicentre d’une maladie qui présente une probabilité forte de décès chez les patients, se rajoute l’aspect psychologique, difficile à contenir face au peu d’espoir de survie des malades.

Est-ce la peine de le dire ? Braves sont les volontaires qui se jettent dans le bain. Les besoins sont immenses, la tâche très compliquée. L’engagement personnel pour les autres est essentiel dans le travail humanitaire. Cela en est même le cœur du métier, meme si les trop nombreuses heures passées dans de confortables bureaux tendent à le faire oublier. Avec des compétences confirmées en santé environnementale qui ne devraient pas être gâchées face à la pénurie de personnels, la gymnastique mentale m'est pénible. La décision de chacun est individuelle et respectable. Pour ma part, j’ai vraiment envie de m’impliquer, malgré les questions. Je me rassure en sachant que par expérience, l’angoisse est toujours surestimée à distance. Et puis, d’autres crises actuelles sont toutes aussi dangereuses voire plus. Certains préfèreront travailler à Erbil, dans le Kurdistan irakien proche du bourbier islamiste ou dans la brousse centrafricaine, devenu par intermittence une jungle sans loi. Je crois que je préfère être dans un contexte ébolique, avec paradoxalement une meilleure maitrise personnelle des risques, que je contrôlerais plus par moi-même.

Y aller ou pas ? Probablement… Je me dis aussi, cyniquement mais à propos, qu’ailleurs, dans toutes les régions du monde, d’autres crises, non couvertes aussi médiatiquement mais tout autant dévastatrices, ont des besoins humanitaires immenses. Y aller ou pas ? La question revient sans cesse et trouve sa réponse de manière indirecte. Ce ne sera pas pour cette fin d’année ni le début de l’année prochaine. Pris par des engagements préalables sur d’autres crises, mon programme personnel est déjà bien chargé. Je reste conscient que l’épidémie d’Ebola ne sera pas endiguée avant de nombreux mois. Dans ce jeu de rotation du personnel sur des périodes courtes, peut-être cela sera-t-il un jour mon tour. Je m’y suis préparé, j’ai travaillé le sujet et je n’ai plus qu’à recevoir une formation sur la bonne utilisation des équipements de protection.

J’ai aussi cette chance de ne pas chercher désespérément du travail et de ne pas avoir à me lancer sans autre choix dans ce genre de combats. J’irai donc là-bas seulement si les conditions de faire du bon travail sont réunies. Ou bien peut-être irai-je sur d’autres urgences humanitaires. Ou bien choisirai-je de renforcer mon rôle grandissant dans des actions de développement durable sans quoi on ne se sortira pas de toutes ces crises à répétition depuis des décennies (la période de sortie de crise pérenne est tout aussi cruciale pour sortir du cycle vicieux des crises) et travailler sur le développement de LED.

Bref, les besoins humanitaires à l’échelle du monde sont grands. Il est malheureux de se dire qu’il y a tellement de raisons d’aller bosser : l’humanitaire, un secteur économique d’avenir, encore pour un bon petit moment…

16 novembre 2014

L’impact, là-bas

Deuxième partie de l’Ebola Week de la Pagode Bleue…

La Guinée, la Sierra Leone et le Libéria ont été littéralement envahis par le virus qui à l’instar de la bactérie cholérique en Haïti, raffole des faiblesses du monde des humains pour se propager à vitesse grand V. Le Sénégal et le Nigéria sont passés tout près d’une épidémie qu’ils ont su contenir au plus tôt, amenant un peu d’espérance aux pays voisins et renforçant la conviction qu’il faut agir vite et bien avant qu’il ne soit trop tard. Sans doute ont-ils eu aussi des circonstances plus favorables pour que la maladie ne s’éparpille aussi bien (on pourrait dire ‘mal’) qu’ailleurs. Alors que sa capitale vient d’être frappée, le Mali vient de rentrer ces jours-ci dans un épisode crucial du début de bataille contre l’Ebola; sera-t-il échappé à la Une des journaux mondiaux des prochains mois ? Touchée par tous les malheurs du monde, la République du Congo a elle aussi bien sûr eu sa traditionnelle épidémie à gérer, d’ailleurs de manière étonnement réussie dans un pays où tout semble si difficile à organiser de manière efficace.

Ebola a toujours été un terme qui a fait frissonner mais dans un esprit majoritaire d’indifférence ou d’oubli. A titre personnel, j’ai longtemps cru que le virus était seulement gardé précautionneusement dans le fameux laboratoire P4 de Lyon, mais totalement éradiqué en brousse. C’était presque ça... La RDC faisait face de temps en temps à des petites flambées plus ou moins contenues. La souche Zaïre est d’ailleurs celle qui crée actuellement la panique. Comment s’est-elle retrouvée à la frontière guinéenne au printemps dernier ? Les experts connaissent peu des modes précis et exhaustifs de transmission à travers les animaux de la jungle. On parle de chauve-souris, de singes, voire de cochons-sangliers ou de chiens aussi comme hypothétiques coupables.

En dissertant sans être allé sur le terrain des zones touchées, mon avis reste largement imprécis. Toutefois, de ce que je lis et j’échange avec des collègues impliqués directement, j’arrive, par extrapolation avec mon expérience dans des zones isolées de Papouasie touchées par une épidémie de choléra jamais apparue sur place de mémoire d’hommes, à lister curieusement des similitudes frappantes entre les contextes : des frontières passoires pour faciliter les échanges commerciaux loin des capitales; des systèmes de santé faibles et démunis de moyens face aux maladies coriaces ; une méconnaissance totale de la maladie de la part de la population ; des croyances et des pratiques traditionnelles qui ont la vie dure et un niveau de pauvreté générale qui favorise la propagation.

Vu de loin, les informations provenant de l’épidémie en Afrique de l’Ouest montrent sa fulgurance. Le retard pris pour la combattre renforce l’angoisse de la population aux 4 coins du globe. J’imagine à peine celle vécue au quotidien par les gens des villages décimés ou des quartiers mis en quarantaine, prisonniers en Ebola zone... Les enjeux en santé publique sont bien souvent liés à l’anticipation et la rapidité des actions. Face à un tel fléau, à partir d’un certain niveau qui est d’ailleurs actuellement atteint dans de nombreuses régions des 3 pays, l’éradiquer est un peu comme pédaler dans la choucroute. Il ne faut jamais être en retard sur la maladie alors que c’est grandement le cas là-bas. Face à l’ampleur de la maladie et les limites réelles sur le terrain, la lutte va être longue et douloureuse.

Au-delà du risque d’une hypothétique pandémie qui paralyserait les échanges mondiaux et bouleverserait nombre de mécanismes établis, voilà bien le plus inquiétant à mes yeux : les pays touchés souffrent  et souffriront bien plus que de la seule conséquence sanitaire de la maladie. Sortant d’une fin de siècle sanglante, marquée par des guerres qui ont marqué les esprits par leur atrocité et qui ont totalement détruit les systèmes publics, les 3 pays travaillaient toujours à remettre leur système d’état en route. Cette catastrophe vient sèchement couper ces efforts-là. Selon l’Indice de Développement Humain, les 3 pays sont dans les 15 derniers d’un classement annuel de 187 pays ; les pays environnants n’en sont d’ailleurs pas loin non plus. Etouffé par l’impact forcé de la maladie et sous perfusion, le système économique, frappé à l’échelle macro mais aussi localement, s’effondre subrepticement. Comment garder l’espoir et les capacités d’investissement essentiels pour redémarrer la machine ?

Et puis, l’inacceptable (un de plus) : les centres de santé, vidés de leurs personnels, ne soignent plus la population des autres maladies toujours présentes. Ça peut paraitre naïf de le répéter mais tellement vrai : il n’y a pas que l’Ebola qui touche ses populations… Et l’impact de ces maladies est d’autant plus terrible dans un tel contexte. En Sierra Leone par exemple, où presque un enfant sur 4 n’atteint pas les 5 ans, maintenant, à cause de la fermeture des établissements sanitaires liée à la problématique de l’Ebola, le nombre de morts à cause du non traitement des cas de paludisme et de diarrhées est devenu bien supérieur au taux de mortalité déjà inacceptable d’Ebola. On n’en parle que très peu dans les médias occidentaux, comme lors d’une famine, juste histoire de le faire sans plus… Pourquoi ? C’est tout simple : l'Ebola peut potentiellement tuer des européens, à la difference d'un arrêt de l’accès aux soins pour les gens qui vivent dans les zones éboliques. 

Au-delà du travail d’urgence incessante de contrôle de l’infection s’ajoute donc la nécessité cruciale d’agir sur le fond dans les pays concernés. Il faut vraiment bien comprendre que sans amélioration structurelle de la situation là-bas, l’épidémie ne pourra être stoppée complètement. Un long combat doit donc commencer en parallèle. Parfois, comme un symbole de l’impuissance ou du besoin de trouver des points positifs à tout malheur, on dit d’une catastrophe qu’elle est un mal pour un bien. On verra bien si c’est aussi le cas d’Ebola en Afrique de l’Ouest.

Mais on n’en est pas là. Pour l’immédiat, que la population mondiale tremble face à cette épidémie a ceci de bon qu’elle pousse les politiques étrangères à investir de grosses sommes d’argent et des moyens matériels et humains dans la lutte contre l’épidémie. Bien sûr, de la manière dont s’époumone Médecins Sans Frontières depuis de nombreux mois, on comprend bien qu’on est encore loin de ce qu’il serait indispensable à mettre en œuvre. A l’heure de la visite de la Secrétaire d’Etat française qui vient d’inaugurer quelques Ebola Treatment Centres (ETC) en Guinée et qui s’enorgueillit de son aide à grands moyens, preuve en serait de sa visite en terre contaminée, la France reste selon Oxfam parmi les nations mauvaises élèves. Quand l’épidémie sera enfin mieux maitrisée, quelques dizaines de milliers de morts plus tard (à 99.5% africains et venant de zones très pauvres), les z’amis du G8 et du G20 diront comme d’hab’ la main sur le cœur : plus jamais ça !... Jusqu’à la prochaine catastrophe, qui trouvera encore et encore ses origines dans l’extrême pauvreté.

15 novembre 2014

Ebolique Ebola...

... Comme me disait un collègue qui se démène à combattre la maladie en Afrique de l'Ouest.

A la hauteur de sa démesure, l'infectieuse maladie aura donc même produit ses propres adjectifs, symbole de son caractère hors-norme, de l'impensable, de l'irraisonnable. Comme tout travailleur humanitaire, l'Ebola est devenu pour moi en quelques mois (mais non sans retard : depuis seulement la fin de l'été alors que MSF lançait des appels sourds depuis le printemps) un sujet qui me concerne grandement.

Profitons que commence ce weekend l'annuelle semaine de la solidarité internationale un peu partout en France (renseignez-vous sur www.lasemaine.org et participez si vous le pouvez !) pour faire le point de cette nouvelle catastrophe qui touche l'Afrique. Mesdames et Messieurs, voici donc le moment venu de vous présenter : l'Ebola Week de La Pagode Bleue !!... Juste quelques posts 'spécial Ebola' de LPB dans les 7 prochains jours pour démystifier le phénomène et remettre certains enjeux à leur place.

Les courbes épidémiologiques les plus pessimistes parient sur une unité de comptage des cas qui dépasserait les 5 chiffres d'ici 2015, dans les 3 pays phares de l'épidémie que sont la Guinée, le Sierra Leone et le Libéria. Devenu enjeu mondial de santé publique, la maladie effraie. Pas seulement pour son caractère très contagieux qui traverse aisément les frontières sanitaires poreuses (à ce titre, le choléra l'est tout autant) ; mais par son taux de létalité (% de morts par nombre de cas déclarés) faramineux (de 50 à 90% des personnes contaminées !). Et cerise (vérolée) on the cake, en s'occupant des malades et en faisant la toilette funéraire traditionnelle des dépouilles, la maladie s'étend sadiquement aux proches et décime la majorité de la famille. Enfin comble du comble, en soignant les malades, le personnel médical est la cible préférée du virus. Decimées, les structures de santé se vident, de leurs personnels morts ou déserteurs par crainte légitime de ne pas être assez protégé (une infirmière d'un centre de santé en brousse n'a pas le même dispositif de protection que le costume d'astronaute vu sur les tarmacs d'aéroports américains ou européens...).

Alors faut-il trembler ?... En tout cas, surement pas autant qu'une partie de la populace américaine, enfoncée dans leur canapé et abrutie par une certaine propagande médiatique qui vénère et abuse du sensationnel en plaçant injustement le risque de contagion sur un piédestal, plus haut qu'il ne le mérite. Et la France ? Doit-elle avoir peur tous les soirs au 20 heures, me direz-vous ?... Vous voulez mon avis ? Et bien, inquiétez-vous plutôt de la montée fortement banalisée du Front National dans notre pays ! Pas grand-chose à voir, je le concède... mais dites-vous bien que vous avez quand même plus de chances de vous retrouver à vivre avec un élu extrémiste à vos côtés dans les prochaines années plutôt qu'un fiévreux ébolique !... Et aussi pour vous faire remarquer le risque n'en est pas plus dangereux. En effet, même si des cas de travailleurs valeureux partis combattre la maladie et revenus avec un virus en poche ou des voyageurs venus des pays infectés peuvent développer les symptômes une fois la douane française passée, le risque d'une épidémie à grande échelle (même limitée à un peu plus qu'une poignée de cas) reste, de manière objective et donc rationnelle, extrêmement faible voire nul. On peut donc dire que vous ne risquez donc rien !!

Vous en doutez ? Faisons un peu le point des facteurs de transmission. Si une personne infectée arrivait à passer le filtre des contrôles aux points d'entrée aéroportuaires, maritimes et routiers de l'espace européen, il faudrait ensuite qu'une fois contagieuse (c'est-à-dire visuellement très symptomatique), elle se retrouve dans votre  entourage. Ou bien qu'une personne ayant été en contact avec elle lorsqu'elle est devenue malade soit alors en contact direct avec vous tout en etant malade. Ça fait déjà un bon tri non ? Si, admettons que cela arrive, vous voyiez une personne hyper fiévreuse, très fatiguée et avec un immense mal de tête, etc., vous devriez en toute logique faire attention et ne pas être trop proche de la personne. Et comme la maladie ne se transmet pas comme une grippe (pas par voie aérienne), il faudrait être en contact physique proche et direct avec ses liquides corporels infectés, comme le sang, les diarrhées et les vomissements. Les vêtements souillés sont également contaminants, mais soyez raisonnables : ils ne passent pas inaperçus et peuvent être facilement désinfectés par lavage. Au pire, vous vous rendez compte que vous lui avez accidentellement tendu la main ? Meme si la transmission par la sueur reste faible, vous vous laveriez rapidement au savon ou au gel désinfectant, non? Ca fait un paquet de 'si' pour le francais lambda.

En 'cas de cas' sur le territoire, rassurez-vous : votre douce France est un pays avec de grosses capacités en surveillance épidémiologique. Comme pour le millier de gens comme ce fut le cas à Dallas récemment, des dizaines de personnes seraient suivis de près pour non seulement appliquer un traitement au plus tôt mais surtout pour contenir la contagion.

Bon pour les plus paranos, je vous l'accorde : je ne peux pas vous prédire un taux de non-risque frolant les 99,999999% mais on en est pas loin. Et pour les plus hypocondriaques, et bien vous voilà donc avec Ebola, c'est vraiment pas de chance !! Mais tenez-bon : les lobbys pharmaceutiques sont convaincus que les opportunités de business sont devenues très intéressantes, maintenant que les dégâts causés ont secoué les consciences et débloqué les budgets. Pour vous, un vaccin devrait donc arriver sur le marché d'ici peu !

Publicité
23 septembre 2014

Toute raison bien gardée quand même…

Et bien voilà : à force d’avancer dans une vie qui comme celle des autres passe trop vite, me voilà mis en quarantaine pour une dizaine d’années ! A chaque moment marquant, son symbole fort : à l’aube de mes 40 ans, je sors de ma jeunesse que je croyais éternelle… Alors qu’intérieurement je m’insurge d’un rageur ‘Bah mince alors !’, de nombreux têtes adultes s’exclament : ‘En-Fin !!’.

L’âge de raison me frappe ainsi de plein fouet, comme une évidence inexorable, pour me faire chavirer dans une maturité mentale (que ce post ne montre pas vraiment, en effet…). Mon ami de mes sommes rêveurs, Lao Zi, m’a raisonnablement convaincu, bien à propos, d’éviter d’être ‘fort dépourvu quand la bise sera venue’ (enfin je crois que c’est de lui…). A défaut d’un vieux sage en devenir, je me résous donc à vieillir en restant sage...

Enfin, autant que faire se peut, n’est-ce pas ? A l’impossible nul n’étant tenu – cet apparté étant une merveilleuse porte-de-sortie en cas de déviance prévisible… Bref, tout ce charabia introspectif, peu compréhensible et encore moins crédible, pour vous dire qu’à maintenant 40 ans et encore toutes mes dents (ou presque…), je prends mon élan et je saute dans l’inconnu d’une deuxième partie de vie qui s’annonce plus responsable (ou presque…).

Mosaïque de mes convictions, La Pagode Bleue prend soin de mon propre développement durable mais prend surtout à cœur son rôle de propagande de bonne conscience.

Ça va donner !’, aurait dit l’autre... Ou comme disait ce célèbre proverbe viking : ‘ML†œðMNA[AJ’…

19 septembre 2014

Allons enfants… de la patrie mondiale !

Marchons ! Signons !.... pour notre belle planète bleue. En bon chef de famille mondiale qu’il est, Ban Ki Moon a convoqué un sommet international sur le climat le 23 septembre, pour sauver tous ses enfants et ses petits-enfants. Pour porter encore plus de crédit à son action et convaincre les politiques frileux par nature de changement immédiat, un énorme mouvement citoyen s’organise ce dimanche sur toute la planète : la Marche Mondiale pour le Climat. Une façon bien citoyenne de faire bouger l’histoire, d’autant que la prochaine conférence internationale sur le Réchauffement Climatique aura lieu à Paname en 2015. Aidons à ce que notre beau pays reste une terre de révolutions !

Si vous le pouvez, allez donc faire bronzette (sans oublier votre parapluie ?) et rentrez chez vous avec cette sensation d’avoir fait un joli truc. Participez à la Marche Mondiale pour le Climat ce dimanche ! Un peu d’info ici : http://marchemondiale.olympe.in/

Et pour ceux qui ne peuvent pas joindre la Marche ce dimanche, rejoignez la pétition d’Avaaz, qui reste le plus gros mouvement citoyen et qui a des résultats efficaces. Voilà le lien, ça prend quelques secondes : https://secure.avaaz.org/fr/100_clean_final/?tcZJpdb&signup=1&CLICKTRACK

Presque 2 millions de personnes ont déjà posé leurs griffes sur ce plaidoyer citoyen. C’est pas mal ; sauf quand je me dis que cela fait un peu pale figure face aux 1,32 milliard d’accros à Facebook pour raconter une partie de leur vie. Je suis un peu mal à l’aise par ce manque de priorité. Heureusement, maintenant avec les smartphones, on peut signer une pétition à tout moment et n’importe où ; on peut même marcher en restant connectés... C’est pas beau le progrès : on n’a même plus d’excuse !!

Espérons que dimanche soit un gigantesque succès, pour pouvoir dire : ‘au moins on aura essayé de faire changer les politiques’.

14 mars 2014

Flash Info Express : apportez vos idées à L E D !

Mes chers non alignés à Facebook !

Voilà la retranscription du message fraichement posté sur la page Facebook de l’association L E D. On aimerait avoir vos avis… Alors lisez le message Facebook ci-dessous comme si vous y étiez (ou presque…) et apportez vos riches idées dans les commentaires en bas de ce message. On les intégrera à ceux de Facebook. Et puis, pour ne rien rater, n’oubliez pas de jeter un œil de temps à autre sur les ‘pages’ spéciales sur votre gauche, qui retranscrivent les messages que L E D publie aux Facebookeurs.

On compte sur vous, merci !

The President...

 

Message Facebook :

Participer aux actions de L E D, c’est le faire… chacun à sa façon.

Vous pouvez bien sûr être membre de l’association grâce à votre soutien financier (cotisation annuelle de 30€ par couple pour 2014). Mais pas uniquement… Vous pouvez aussi simplement suivre notre aventure via Facebook (et bientôt sur le site internet), ‘liker’ la page Facebook, partager les informations de L E D, en parler autour de vous, apporter vos idées dans les commentaires, etc. Et ça, ça compte déjà beaucoup pour nous...

Bien sûr avoir votre soutien financier est important pour lancer les activités de L E D. Mais surtout, être membre de l’association c’est aussi pour vous avoir une place privilégiée pour être un acteur de L E D…

Alors dites-nous : à quoi voudriez-vous avoir accès grâce à votre cotisation annuelle ? Comment pourriez-vous contribuer au développement de l’association une fois devenu membre actif ?

Mettez donc vos idées dans les commentaires ci-dessous ou venez nous en parler et on dépouille tout ça d’ici une semaine !

12 janvier 2014

La vie rêvée des anges…

Le travail humanitaire à l’étranger est un domaine vaste et complexe. Sans être universellement partagé, son spectre irait de l’urgence humanitaire en situation de forte crise mettant en jeu la vie des gens à large échelle, à des actions plus stables et durables d’appui au développement des personnes vivant dans des conditions difficiles chroniques. Certaines populations touchées alternent d’ailleurs ce genre de situations, au gré des crises et des aléas de la vie collective.

En mission dite humanitaire (disons pour des raisons de simplicité, celle de l’urgence après une catastrophe naturelle, un conflit, une épidémie), les ‘expats humanitaires’ se retrouvent dans des conditions compliquées. Plus les contextes ressemblent à des urgences humanitaires, dans lequel viennent se greffer de plus en plus de soucis légitimes de sécurité du personnel, plus les ‘expats’ vivent recroquevillés dans leur monde, coupés du contact des populations. Problème récurrent et sans grandes solutions. Les ‘expats’ sont même souvent en décalage avec leurs propres équipes (les travailleurs humanitaires du pays), sans toujours s’en rendre compte ou alors simplement accepté par fatalisme pour les plus expérimentés. A leur décharge, le travailleur humanitaire ‘expat’ débarque dans des contextes en total décalage avec leur vie habituelle et doivent s’accommoder à une vie de stress permanent et coupée des plaisirs habituels de la vie (le confort, les activités de détente, la nourriture, les risques sécuritaires et sanitaires, etc.).

L’expat humanitaire est passionné, bosseur, fumeur, picoleur, fatigué, fêtard, sous pression… Ceux qui ‘survivent’ ne sont pas ceux qui picolent le plus (quoique…) mais ceux qui parviennent à relativiser et trouver des moyens de décompression préventifs. Entre autres, vivant décalés mais avec leur temps malgré tout, des travailleurs humanitaires ont eu l’idée originale et amusante de créer un groupe FB ‘tu es humanitaire quand…’ où chacun des 4,000 travailleurs humanitaires inscrits peut venir partager (ou se défouler) de manière ironique et décalée sur leurs ressentis de vie peu banale en mission humanitaire. C’est souvent drôle, sarcastique, franc et rempli d’autocritique salutaire. Chacun s’y retrouve ou apprend des autres. Malheureusement, comme partout ailleurs, il y a aussi son lot de râleurs, de parasites et de personnes insupportables à la recherche improductive de régler ses comptes sur la place publique virtuelle. N’échappant pas à la règle, ce groupe social est donc aussi devenu un lieu de défouloirs pour frustrés dans le besoin de se faire entendre, venant assombrir cette belle dynamique de partage et de défoulement amusé. Tant pis - même s’il s’agit finalement d’une bonne piqure de rappel parmi d’autres que ce monde de l’humanitaire est très usant et que chacun devrait y voir ses propres limites et se donner une porte de secours pour parfois s’en défaire, faire aussi d’autres choses, au risque trop tardif de s’y perdre…

Quoi qu’il en soit, me voilà au Congo et en pensant à cette vie décalée d’humanitaire, j’arrive sans la moindre difficulté à dresser un beau florilège d’instants assez pittoresques après seulement quelques jours… Voilà pour les non-initiés à quoi peut ressembler un bout de vie en mission humanitaire…

- On traverse un poste de frontière à pied et le garde vous dit qu’il a peur car il ne sent pas protégé ici en cas d’attaque de rebelles…

- Une averse s’abat bruyamment sur les toits en tole galvanisée (étanches cette fois-ci) de manière quasi quotidienne et digne du plus gros orage de l’année en France…

- Un petit crapaud partage ma douche, et que je découvre en me lavant au seau…

- Un ‘Mousoungou ! Mousoungou !’ à chacun de mes passages devant des enfants congolais…

- Quelques cafards grouillent quand on ouvre le frigo…

- Des sardines à l’oignon au petit-déjeuner…

- Un gendarme titubant nous arrête à un check-point, n’arrive pas à exprimer mieux qu’un sourire imbibé son désir d’un billet, qu’il n’aura pas… Au suivant, un autre plus chanceux, malin ou sobre, en reçoit un au passage d’un autre véhicule…

- Les yeux ronds du gendarme en chef à l’enregistrement à la police locale, qui cherche une bonne raison mais n’en trouve pas d’autres que de clamer haut et fort son désir de corruption, moyennant un forfait improvisé de 10 USD… S’en suit un dialogue de scène entre mon collègue habitué et lui : Papa !? Moyennant !!... Papa !? Moyennant !!... Papa !? Moyennant !!... Papa !? Moyennant !!... Après une dizaine de répétitions, bien aidé par la bonne image de l’ONG sur place, le gradé se résoudra à abandonner, en espérant une bière au bistrot du coin à la prochaine occasion…

- Une rumeur folle de la mort du président rwandais voisin, jamais vérifié mais fêté dans les rues de Goma… Les funérailles religieuses d’un colonel pris dans une embuche et qui se construit une légende posthume (invérifiée) après avoir osé refuser d’écouter le voisin rwandais mais qui leur a de tout de même pris leur argent pour le redistribuer à ses troupes… Les autres hauts gradés garderaient l’argent pour eux et écouteraient du coup les militaires rwandais… mais chuuut, c’est seulement une rumeur…

- Quelques grandes bières au bistrot dansant du coin, et la pause pipi à même le sol (pas de WC bien sûr) dans une des chambres de la maison voisine sans toit et non habitée, reconvertie en urinoir géant…

- Une bataille entre 2 personnes un jour de marché…  Le soir, une femme abattue à quelques centaines de mètres de notre maison par un militaire pour des raisons ‘personnelles’ mais toujours pas arrêté…

- Une fête dans le bâtiment barricadé de barbelés, de l’ONG voisine et qui se termine à 22 heures pour respecter les consignes de sécurité…

- Un rat qui me passe juste sous les pieds et s’enfuie de ma chambre par-dessous la porte… Lui et ses potes reviendront se balader tous les jours dans la maison… La cuisine sent la pisse de rat le matin…

Pas de doutes : je suis bien de retour en mission !...

6 janvier 2014

Solitude folle d’un habitué des grills…

A chaque fois c’est pareil. Je suis de plus en plus un habitué des repas du soir en solitaire lors de mes déplacements professionnels, là où ils m’emmènent, dans des coins où chaque instant peut devenir un moment inattendu, parfois dépaysant, drôle, réconfortant mais aussi… interminable ! L’attente du plat cuisiné seul à la table du restaurant fait partie de cette catégorie. Un peu trop même… surtout lorsque l’électricité se fait trop faible pour lire, travailler ou quand l’internet me lâche en pleine commande du plat ! Que reste-t-il à faire ? Penser… mais à quoi le ventre vide ?! Et bien dissertons sur ce bon petit plat qui se fait attendre…

Bien que chaque pays ait ses habitudes alimentaires, certains mets restent invariables. Le poulet est avec le riz, à mon propre avis non statistiquement vérifié, le plat le plus consommé au monde. Encore ce soir, comme partout, dans cette ville inconnue de Goma la congolaise, l’attente de mon poulet grillé va être longue longue longue…. Et moi, quand j’ai le ventre qui gargouille, j’ai le cerveau qui divague ! Du coup, mon poulet (pas encore attrapé) grillé au barbecue (pas encore allumé) m’obsède : je ne pense qu’à ces satanées mais tendres et délicieuses volailles… Mes synapses neuro-neuronales s’emballent et s’interconnectent trop vite, la folie hypoglycémique couve en moi et m’emmène dans des pensées irrationnelles et désordonnées…

Le poulet bicyclette parfume les maquis du Burkina, au passage du Tour du Faso… Le Jerk Chicken jamaïcain se savoure enfumé et grillé avec des herbes moins rigolotes que la ganja… Les poulets de Chine se font dévorer les pattes, avec des nouilles… ‘Poule Pot’ le khmer sanguinaire n’avait rien d’un joli petit poussin jaune... En France, le poulet est mal aimé quand il est tricolore et joue au foot ou quand il met des contraventions... La réconciliation se fait lorsqu’il fait le coq arrogant, imbibé de vin... Le chapon, non pas castrais mais de Bresse (pour les bleus en cuisine !), ça pond pas… Mon village a son Arnaud et aussi sa ‘Poule au Pot’, rituel annuel que je ne rejoindrai jamais, manque de pot…

Aaaargh ! Je rêve maintenant d’une ‘home-lette’ de chez moi, de retour au pays pour avoir vite les ‘œufs’ à la neige en février... Changement d’appétit, je pense à cette fois-là, assis en maillot de bain pour ne pas faire le ‘cul-nu’, au bord de la ‘swimming-poule’, quand je m’étais décidé à ne pas faire la poule mouillée et m’en étais allé faire le paon devant cette belle poulette…

Le serveur arrive brinquebalant, à la vitesse d’une poule sur son mur et m’annonce, fier comme un coq : ‘c’est prêt dans 2 minutes’ … Un moment de répit : je n’ai donc plus rien à pondre sur ce papier ? Je dois m’en aller, stopper mes errances de basse-cour. Mais, comme un nouveau mystère de l’œuf et de la poule, qui du premier recommencerais-je à faire : retourner chez moi ou repartir en voyage (?)... Est-ce la magie noire locale qui m’a jeté un étrange sort (… de sa cage à…!) à en avoir la chair de…

Pffff, vivement les cocoricos du matin qui me sortiront de ce cauchemar,… ou bien, ouf !, l’arrivée triomphante du fameux bon morceau de poulet grillé.

Bilan : ma sobre réputation de blogueur (sobre aussi ?) vient de perdre quelques plumes ! Avec ce post incohérent, je vais perdre au moins 99% de mes quelques lecteurs assidus ou hasardeux de la Pagode Bleue, avant le chant du coq… J’ai marché sur des œufs et je m’en mords les dents (même bien avant que les poules n’en aient). Je vous prie donc de bien vouloir garder la foi (et le gésier…) en mon Poulailler Bleu…

En espérant vous récrire le ventre plein, bonsoir !

10 décembre 2013

Coup de Pouce à Miam Miam !

Non, ce n’est pas de la pub pour lutter contre la faim et des ventres trop vides, mais un 'gros gros gros' soutien à mon cousin Miam Miam et à sa bande du groupe ‘Good fortune’.

Le groupe ayant reçu le plus de votes participera à la première partie du concert des BB Brunes… Les BB Brunes, je les ai vus en concert. Moi qui croyais en avoir définitivement fini avec ma période d’adolescent pré- et post- pubère, j’ai adoré. Le groupe Good Fortune eux joue pour le plaisir depuis de nombreuses années. Ils viennent de créer leurs propres tubes. Ce serait un formidable tremplin pour eux et, à n’en pas douter, un moment incroyable dans leur vie de musiciens accros.

Il faut les encourager et les aider ! Avec un nom pareil, les ‘Good Fortune’ sont sur une bonne étoile et ils peuvent même viser les 1,3 milliards de chinois, électeurs hypothétiques d’un soir mais toujours enthousiastes à souhaiter la bonne fortune. 造化 ça se dit ‘zao hua’ en chinois. Je dis ca juste au cas ou les Good Fortune prévoient une tournée mondiale en passant par la Chine... Tout ca, ce sera grace a votre vote ! Vous rendez-vous compte du pouvoir de votre action ?...

Les supportes asiatiques en poche, je ne vois pas bien comment la première place du concours pourrait leur échapper ! Mais bon comme on sait jamais… commençons donc par les 3 ou 4 lecteurs chinois éparpillés du blog (dont l’un a d’ailleurs une chanson à son nom) et surtout par... vous bien sûr !

Si vous êtes Rock n’ Roll, dans le coup et… gentil avec moi, votez là : http://m.casting-creditagricole.fr/les-participants/Good-Fortune . Vous avez jusqu’au 18 décembre max’ ! Faites du bruit pour mon cousin Miam Miam, dévoreur de bonne musique… 

16 novembre 2013

Flash-info express : il vaut mieux prévenir que guérir

Comment ne pas se rendre à l’évidence ? Le réchauffement climatique amènera de plus en plus de catastrophes de grande ampleur comme celle du typhon aux Philippines ? Coluche disait que lorsque les riches auront faim, les pauvres seront morts. Le réchauffement climatique, grandement créé par les nations dites développées, touchent les personnes sans grandes ressources et sans protection.

Chacun peut agir, changer ses comportements à son échelle ; cela donne au moins bonne conscience et cela montre l’exemple. Malheureusement cela ne sert pas à grand-chose si les grands de ce monde ne prennent des décisions de mecs qui en ont. A nous de leur mettre de plus en plus de pression, sans rien casser, de manière surement plus intelligente et je l’espère plus efficace…

En plus de l’aide d’urgence à apporter aux sinistrés du typhon aux Philippines, apportez donc votre contribution citoyenne et qui en plus ne coute pas un centime :

Signez urgemment la pétition lancée par Avaaz.org, le plus grand mouvement citoyen au monde (et donc fortement crédible et puissant) : https://secure.avaaz.org/en/petition/Stand_with_the_Philippines/

Merci.

28 août 2013

We should all have the same dream!

Dans l’actu du jour, une info qui ne devrait pas passer inaperçue : les 50 ans du discours du pasteur King, le roi du speech. http://www.youtube.com/watch?v=nFcbpGK9_aw : une émouvante leçon d’humanisme (et d’anglais ! Alors voilà  http://www.mlkonline.net/dream_french.html pour les non-convertis).

Par sa portée et sa symbolique un demi-siècle après, ce discours est vraiment beau à en chialer, comme un film poignant sur quelque injustice du passé saurait également émouvoir à ce point. Placé devant la statue de Lincoln, le briseur symbolique de l’esclavage, et face à une foule garnissant les 2 pelouses latérales du National Mall jusqu’au Washington Monument, au centre du centre du monde, Martin Luther King aura marqué son époque, comme d’autres auront immortalisé l’endroit : Obama presque 50 ans plus tard, Forrest Gump à sa façon (!) et… moi assis sur mon banc à ma facon aussi, pour ma seule et belle postérité !

Un rêve à voix haute, exprimé trop fort au gout putride de son tueur blanc (à l’influence ku-klux-klanaise ou à la conspiration gouvernementale ?), mais encore trop bas pour les toujours trop nombreuses victimes des discriminations raciales depuis et jusqu’à nos jours. Juste le fait (très courant) de faire ressentir la différence physique à une autre personne par la pensée, les regards, les mots, les attitudes, les acquis sociaux, etc. en font partie.

Moi, le Blanc à l’esprit et au cœur bien plus colorés que ne le montre ma peau, jusqu’à mes multiples voyages à travers le monde et pourtant sans être ignorant de la cause antiraciste, je n’avais pourtant jamais vraiment perçu la place importante qu’elle prend pour les personnes de couleur. Les Caraïbes m’auront appris le poids, lourd et toujours très présent dans leurs têtes, des horreurs de l’esclavage et pire, des dénigrements raciaux de notre époque. L’Afrique m’aura elle convaincu que l’égalité entre les races est une idée bien abstraite des beaux-penseurs, mais pas celle de la réalité du continent noir.

Les américains ont eu MLK à Washington, nous on a eu DSK là-bas ! L’un a fait avancer le monde sur les questions raciales, l’autre l’a fait reculer... DSK et l’histoire d’un pépère pervers qui s’est vu collé d’une étiquette de vieux porc blanc qui se croit tout permis avec une femme noire. Et moi qui trainais dans les Caraïbes voisines de me faire provoquer : ‘alors vous les français vous êtes tous comme ça ?’ Ah nos chers politiques...

Bref, en relisant King, je me dis que ce jour doit apporter aujourd’hui pas mal de pensées chaleureuses et quelques belles rêveries pour un monde plus juste et égalitaire, un monde enfin normal quoi. Washington est-elle en fête aujourd’hui ? Mon envoyée ‘plus-que-spéciale’ sur place m’informe à l’instant dans l’oreillette qu’une marche est organisée aujourd’hui pour clôturer une semaine de célébration de MLK et de cette fameuse journée, en y ajoutant les problèmes de notre époque (l’environnement, la protection de la vie privée, les droits des homosexuels, etc.). Le Président Obama, qui finalement lui doit tout, devrait venir le fêter aussi. J’aurais aimé être dans mon ex-nouvelle ville aujourd’hui pour être à cet endroit et à ce moment, pleins de symboles forts. Washington la capitale du monde, et son président noir et ses 50% d’afro-américains, doit être belle aujourd’hui.

Son président noir, sa communauté noire, ... Humm, comme si on avait besoin de le préciser. Parce que ça a un côté exceptionnel, pas assez banal, pas la norme ? 50 ans, c’est loin et c’est si proche. Et comment est-ce possible que juste 10 ans avant ma naissance (je suis loin d’être un monument historique you know!) des personnes de couleur avaient-elles leurs droits les plus évidents bafoués à ce point ? Et comment est-ce possible qu’aujourd’hui, avec nos 100% d’enfants éduqués à l’école en France, certains cerveaux deviennent tellement ‘blanchis’ et vides de bon sens qu’ils tabassent des filles de couleur ou de religion différentes ?

‘Rêver d’une vie meilleure’ est une expression qui a un sens assez profond finalement. En tout cas, les rêves deviennent réalités lorsqu’ils le sont par tous. Alors, ‘respect!’ Monsieur Martin Luther King !

Faisons tous de beaux rêves mes z’amis ! Et à bientôt dans un monde meilleur.

11 août 2013

Blood Diamond

… aurait pu chanter Rihanna dans son dernier tube.

Retour sur mes réminiscences à distance du carnaval de la Barbade à la vue de la photo de Rihanna, la belle star mondiale et ses diamants, qui a fait le tour du monde. En tout cas, c’est arrivé jusqu’à chez moi – et je vous jure : je ne lis pas les journaux people !!

Ironie du sort : le soir même, je regardais ‘Blood Diamond’, un film choquant et au nom plus qu’évocateur des raisons cachées de l’immense guerre civile en Sierra Leone à la fin du siècle dernier. La jeune enfant, Rihanna, n’y était pour rien à l’époque mais la portée mondiale de son image et de son dernier single glorifiant les pierres précieuses me laisse un drôle de sentiment, de mal-être et de trop grand décalage du monde.

Sans trop de cohérence entre une ‘fin de l’histoire’ d’un post sur la magie d’un carnaval des Caraïbes et la situation affreuse des populations travaillant dans les mines d’Afrique, je me risque malgré tout à utiliser les photos people de la star de la chanson pour glisser quelques messages à caractère informatif, qui feront un peu de bien à notre planète bleue.

L’occasion fusse-t-elle donc trop belle pour moi (j’utilise ici une forme du subjonctif dont je n’ai aucune idée de son exactitude… mais j’ai trouvé que ça le faisait pas mal !), trop belle vous disais-je de vous inviter grandement à regarder ce film, un tantinet trop hollywoodien (avec ces imperfections et ses clichés réguliers) mais avec aussi une intéressante opportunité d’informer massivement le grand public des horreurs des guerres africaines et de l’exploitation sordide des ressources naturelles de ce continent. Car - meme si c'est heureusement à moindre échelle - tout cela continue aujourd'hui mes amis...

Sans maitriser le monde et ses trop nombreuses inepties, nous les consommateurs et citoyens du monde, achetons responsable ! (plus de détails dans la partie « des liens qui font du bien » de la Pagode Bleue). Demandons une certification d’origine et assurons-nous que les populations locales reçoivent un juste retour des choses du bijou qu’on achète à notre belle. Notre cadeau n’en sera que plus beau.

9 août 2013

Ah le Grand Kadooment !

En lisant une ‘info’ de presse sur la présence olée-olée de Rihanna, endiamantée, finement vêtue et une fiole d’alcool fort à la main, au Carnaval de la Barbade le weekend dernier, je repense, nostalgique et sourire en coin, à ce fameux weekend de Grand Kadooment, le carnaval de la Barbade ! J’aurais tant aimé y être encore cette année et revivre l’ambiance chaude de l’été 2011…

Ce que les médias européens ne perçoivent pas, c’est que Rihanna, l’habituelle scandaleuse mais vénérée à la Barbade comme un Zizou français, a pour le coup fait comme toutes les filles bajans : en tenue très légère pour cacher le minimum vital, des costumes excentriques – certes, il est plus commun de voir des plumes à la place des diamants - et du Rum Punch et autres cocktails à volonté pour le long défilé sous le soleil, musique à donf’.

J’y étais en 2011 (sans les plumes !), Rihanna aussi. En bord de route, j’avais senti l’atmosphère se charger d’une rumeur grandissante dans la foule et finalement vérifiée au passage du char sur lequel elle dansait. Dans tout ce bazar déguisé et cet essaim de jolies filles, je ne l’ai pas reconnu.

Tous les petits pays des Antilles ont leur carnaval. Un vrai orgueil national, n’allez surtout pas dire à quiconque insulaire que le leur est moins bien qu’un autre (même s’il est avéré par tout le monde que celui de Trinidad & Tobago reste le summum dans les Caraïbes). Là-bas, au printemps, les hôtels augmentent par 3 leurs tarifs et sont pleins de 6 mois à 1 an à l’avance. Une fois fini, chacun commence à penser à celui de l’année d'après !

La Barbade appelle sa Big Party annuelle, la fête de Crop Over. Elle se termine en apothéose avec le carnaval le premier weekend d’aout. Historiquement, il s’agissait de célébrer la fin des récoltes de canne à sucre ; rare moment d’allégresse aux pays de l’esclavage… La tradition, un temps stoppée par la 2e guerre mondiale, a été relancée dans les années 70. Des femmes d’âge mur annoncent fièrement qu’elles se dandinent à moitié nue dans les rues chaque année, ouragan ou pas ouragan !

Un mois avant la clôture des festivités par le Grand Kadooment, de nombreux spectacles sont organisés ; chaque semaine de juin et juillet propose 2 à 3 évènements culturels, souvent musicaux. Les nouveaux tubes de soca et de calypso sortent à cette occasion pour tenter de gagner en fin de Crop Over, le glorieux titre de chanson du carnaval.

Quelques exemples de soirées ?

Pork Lime tous les vendredi soirs : concert de musique bajan, pas toujours de grande qualité (difficile de trouver une multitude de talents sur une ile de 300 mille habitants), avec une Banks (la bière du pays) à la main et quelques buvettes qui proposent à manger.

Autre évènement plus reposant mais qui mérite un Big Up : le concert de Steel Pan (percussion sur des tonneaux en fer) en plein air pour se laisser percer au son original de cette belle musique mélodique, assis sur les buttes d’un jardin colonial (celui du 1er ministre si ma mémoire ne me fait pas défaut), sous les arbres gigantesques des tropiques, le vent frais et iodé venant de l’océan, sous le ciel antillais et ses fascinantes étoiles. On n’est pas bien, là !?...

Changement de rythme à l’approche du Grand Kadooment: le concert, bizarrement dénommé Cohobblopot, au stade Kensington Oval de cricket avec au programme les meilleurs artistes régionaux de musique soca (chaud devant !). En 2011, il y avait eu aussi le concert exceptionnel (et ma foi très bon) de Rihanna de retour au pays : le gros évènement de la décennie pour l’ile.

Enfin le weekend du défilé diurne du carnaval arrive : le Grand Kadooment ! En avant-première, le vendredi soir (samedi matin plutôt), histoire de bien profiter de chaque instant de ce weekend déjanté, vous pouvez joindre le très prisé défilé du ‘Foreday Morning Jam’ en pleine nuit : il commence à 2h du mat’ après la finale des concours de musique. Ça tombe bien : j’ai justement une soirée avant et j’enchainerai, grâce à la fougue retrouvée de mes 18 ans, pour une nuit blanche de folie ! Ce que je n’avais pas prévu, c’est que le début de soirée, très pépère, ne se finisse qu’à 23h et qu’il me reste 3 heures à tuer : autant aller faire une petite sieste salvatrice qui durera… jusqu’à 6h du mat’, réveillé par les cris délurés des voisins revenant de la grosse teuf nocturne et en plein air de l’année. Les boules, vraiment…

30 juillet 2013

Revanche mijotée

Continuons l’aventure américaine avec une revanche bien basse et vile de mes déboires douaniers : parlons un peu cuisine !

Il y a des clichés qui ont la vie dure, mais certains s’alimentent d’une bonne dose de réalité. La (mal) bouffe américaine en fait partie. Bien sûr comme tout stéréotype, il faut une bonne cuillère d’exagération, une pincée de pas tout à fait vrai et pour éviter la fadeur et relever le tout, saupoudrer le tout d’exceptions, enfin j’espère…  Vous verrez y’en a pour tous les (mauvais) gouts.

La vengeance est un plat qui se mange froid, alors commençons par le sandwich ! Le Yankee de base se caractérise par un manque certain d’appréciation des bonnes choses, des bonnes saveurs et de la qualité des produits locaux. Tout le monde ne peut être un fin connaisseur en cuisine (je n’en suis moi-meme pas un) ; mais il y a un minimum quand même ! Alors qu’un simple bout de pain bien frais, croquant et à la croute un peu grillée permet au minimum de réussir un sandwich tout simple, et bien non ! Pour être ‘hmm it’s so goooood !’, un sandwich US doit avoir un pain très moelleux, voire caoutchouteux et rempli de sauces préfabriquées et surchargés en tranches de jambon sans gout (celui du supermarché en a 5…).

Le pain ? Pas de boulangerie au coin de la rue (mis à part dans les quartiers ‘shishi’ tendanco-modernes de DC). C’est comme ça pour tout là-bas : pas de boucherie, pas de fromagerie non plus, très très très peu de marchés, pas de commerce de proximité, hormis la station-service (hmmm !) et la pharmacie qui vend 24h/24 des chips et de l’alcool. Business oblige : tu y rentres une première fois pour tomber malade et tu y retournes pour te soigner !

Bref, pour aller chercher son pain, il faut se rendre au supermarché. A côté d’un long rayon de pain tout mou, tout carré, tout coupé en tranche prêt à compresser un morceau de hamburger chimiquement étrange, the French baguette - ou the French Stick selon le niveau de libido du chef de rayon – est là, exhibée dans un tout petit panier, toute mollassonne qu’elle est, laissée au rare bon vouloir de quelques passants ‘connaisseurs’ qui se feront une soirée ‘French Cuisine’, version locale en apéritif ‘du pain, du vin, du boursin’...

Version locale disais-je, cela veut plus ou moins dire : (1) mieux apprécié des ‘fines’ bouches ricaines, le pain est souvent remplacé par des Crackers. (2) Le vin ne sentira pas le bouchon puisqu’il n’en a pas ! Et (3) à défaut de Boursin, déjà pas très haut de gamme on en conviendra, le Gouda (et autres fromages jaunes, oranges, verts, etc.) plaira beaucoup mieux aux invités. C’est comme si on buvait l’apéro autour d’une bonne Villageoise, avec une Vache qui Rit et des Tucs en fait !

Quand ils viennent en France se promener sur les marchés du sud de la France ou d’ailleurs, les touristes américains doivent vraiment hallucinés. Ou peut-être sont-ils simplement frustrés de ne pas trouver des stands de chips ou de soda ? Mais comment je fais mon marché sans pop-corn ?!... La visite du supermarché ('Giant, the quality food!' c'est le slogan) se finit avec un chariot vide de bons produits du terroir (‘terroir’ est d’ailleurs un mot qui n’existe pas en anglais), mieux vaut aller se faire un petit restau.

Mauvais choix quasi assuré, même à 40 ou 50 dollars hors vin ! Les restaurants sont souvent pleins mais ce n’est pas un gage de qualité. Peut-être est-ce lié au fait que les américains n’ont pas une forte culture culinaire, ce qui les fait s’éloigner de leur micro-onde autant que possible ? Certains Sport Bars sont vraiment sympas et en plus pas chers. Tu y vas pour passer un bon moment, mais pas forcément pour apprécier ton plat supersizé… Et dans les autres restaurants qui prétentieusement proposent un cadre et des prix haute gamme, un conseil : ne prenez jamais de salade, servie avec sa sauce chimique tout prête. Je n’arrive pas à comprendre : comment un chef de cuisine peut-il avoir son diplôme et ouvrir un restaurant de ce genre sans savoir préparer une simple vinaigrette !?!

L’avantage quand on en arrive à ce point, c’est qu’on apprend vite : moi je me suis mis à ne manger que des burgers ! Pour ça, les américains ont un vrai talent, c’est une valeur sure de la cuisine yankee. Ironie de l’impérialisme culturel et commercial américain, nos villes et campagnes ont été inondées des plus mauvais hamburgers que les américains peuvent faire : le Mac Do ! The French paradoxe, once again…

Rendons tout de même un hommage sincère, vibrant et ému à ce qui me semble être la plus belle création culinaire du pays (je dis ça pour chaque pays anglo-saxon) : les bars ont des bières très bonnes. Pour ce qui est du vin, beaucoup l’apprécient, mais pas vraiment en mangeant pour accompagner les plats. D’ailleurs je me rappelle cette pub dans un magazine touristique d’un restaurant vantant sa cuisine comme la meilleure de la région et que pour preuve, il y avait une photo d’un plat avec un bel homard, des langoustes, des huitres et… une bouteille de vin rouge (et son bouchon en plastique qui se visse !). Tout un symbole de l’art culinaire plus porté sur le visuel et les produits qui pètent plutôt que sur le raffinement des mets.

Un soir de repas à la maison avec des potes, je leur expliquais avec quoi boire un Pouilly Fussié que j’avais déniché sur un stand de supermarché. Je leur montrais alors comment un vin s’apprécie à l’œil, au nez et en bouche. Le gars en face m’expliqua alors que lui aussi en savait un rayon sur… le coca ! Combien rajouter de glaçons (5 apparemment) et comment choisir là où il achetait ses sandwiches en fonction de la qualité de la machine automatique des sodas. Là je me suis dit : ‘bien joué mon gars ! C’est une gentille et astucieuse moquerie de mes penchants un peu trop frenchy !’ Malheureusement, après m’être rendu compte qu’il était sincère et sérieux, je me suis retrouvé aussi incrédule que lui, tous les deux face à nos méthodes d’expert en vin et en coca…

Heureusement, l’Amérique de la vraie cuisine se débat pour exister et trouve son public. Quelques restaurants de qualité ont ouvert leurs portes à Washington et de plus en plus de ‘the People of the United States of America’ ne se retrouvent pas dans cet inventaire grinçant. Bravo à eux d’exister dans cet univers étouffant de la ‘mal bouffe’.

Ah ! Me voilà bien vengé maintenant, ça fait du bien ! Ça m’a donné faim tout ça. Moi, the Arrogant Frog, si je me faisais une bonne rissolée d’escargots avec plein d’ail et de beurre ? En fait non, je vais plutôt passer au Drive me prendre un Mac Do…

16 juillet 2013

Drôle de rêve américain

Assis sur mon banc, dans le parc qui borde Constitution Avenue, coincé entre Lincoln, imposante statue blanche, Martin Luther King, imposante statue… blanche, les membres du congrès au Capitol blanc et à quelques encablures de Barack Obama dans sa maison (blanche…), je reste là pensif, assis au centre du centre du monde : Washington DC !

Plus de 11 ans que j’ai arrêté mon travail en France pour prendre le chemin de l’humanitaire et de la solidarité internationale. La première étape m’a d’abord amené aux… Minguettes, sur les bancs de l’école de Bioforce pour apprendre à construire des puits, des latrines, lutter contre le choléra et les moustiques assassins. Dès les cours achevés, j'ai sauté dans ma première mission pour tenter l’aventure un temps et essayer d’apporter une petite contribution à des gens qui ont grand besoin d’un coup de main. Ironie du sort, cela aura été la… Corée du Nord. Une expérience initiale de 6 mois juste pour voir, et puis l’aventure a continué et m’a transporté de pays en pays pour finalement atterrir à… Washington !

Drôle de parcours. Aurais-je donc faire le tour et boucler la boucle ? Surement pas, il reste tellement à accomplir… Serait-ce une consécration ? Surement pas, j’ai toujours été loin du rêve américain… Serait-ce alors seulement une étape parmi d’autres dans cette vie à rebondissement ? Surement… de toute façon, je n’ai pas le choix, les douaniers me l’ont bien fait comprendre : je ne peux pas rester chez eux…

Après toutes ces années de passage de frontières plutôt cocasses, le droit d’entrée n’a pas toujours été garanti à l’avance : la douzaine d’entrée au poste de frontière de Pyongyang, là où les gens ont été mis en quarantaine communiste à vie ; la douane de l’aéroport vide de Bagdad ; les bons de sortie sans tampon en transit à l’aéroport de Ouaga ; les autorisations de voyage au Darfour ; le double passage de la barrière du poste de police indonésien pour l’enclave timoraise d’Oecusse ; etc. C’est toujours passé, sauf là où finalement je m’y attendais le moins : chez nos ‘amis’ d’Outre-Atlantique. Les Etats-Unis d’Amérique, là où tout devient possible, auront donc été le théâtre de ma première salle d’interrogatoire. Me voilà coincé, entre 2 eaux, sur le sol mais pas sur le territoire américain, avec une trentaine de personnes venues du Moyen-Orient suspect et de quelques contrées pauvres d’Amérique du Sud. Au passage, je ressens un peu de la frustration et de la difficulté de tous ces voyageurs provenant des pays pauvres pour venir visiter (légalement) notre grande Europe…

Les français n’ont pas besoin de visa pour une visite (hors travail) de maximum 90 jours. La première fois, ça semble passer pour tout le monde ; ça a marché pour moi aussi. Il suffit de s’enregistrer et payer une exemption de visa avant le vol et les touristes frenchies peuvent venir dépenser de la devise verte. Pratique. C’est quand tu reviens trop souvent à leur gout que la ça se corse… Et vous vous doutez bien que ce fut mon cas…

L’exemption de visa n’est en fait qu’une autorisation à voyager. L’entrée sur le territoire yankee est soumise à l’appréciation de l’Immigration Officer du Custom and Protection Border (d’ailleurs c’est pareil pour les visas américains, un visa qui te donne le droit de prendre l’avion mais pas de débarquer !). Lors de ma deuxième visite en 3 mois, le doute s’est emparé du douanier qui a considéré que j’abusais de mon privilège de ne pas avoir besoin de visa. Allez hop, 4 heures d’attente, des questions, un rapport et des consignes claires : ne revenez plus si souvent chez nous sinon on vous renvois dans le prochain avion ! Mais, courtoisie oblige, ‘Bienvenue aux Etats-Unis et passez un excellent séjour !’ Thank you so much, Sir…

Au moins dites-moi quand je peux revenir, pleaaaase… Pas un seul des 3 policiers à qui j’ai eu à faire (plus ensuite les différents services d’état et d’ambassade) ne me diront la même réponse… En fait il n’y a pas de règle je pense. Je crois bien que c’est au bon vouloir du douanier. Et à l’humeur du moment aussi ? Forcément, venir dans la capitale fédérale 10 jours après les attentats traumatisants de Boston, ça aide pas !

Assis sur mon banc à Constitution Avenue, je reste pensif… et sans solution. Les Etats-Unis ne veulent pas de moi (souvent). Après tout, je ne suis pas sûr de vouloir d’eux non plus. Le problème est que j’ai laissé là-bas un petit trésor, déniché plus tôt dans les Caraïbes… ‘C’est la vie !’ Comme ils disent là-bas (en français dans le texte). C’est en effet ce à quoi une vie à rebondissements peut mener parfois, avec ces bonheurs et parfois ces peines.

14 juillet 2013

C’est (re-re-re-…) reparti !

Voilà 5 ans la Pagode Bleue voyait le jour, au départ d’un nouveau bout de vie à la chinoise, en plein milieu de l’Empire du… Milieu, dans l’ancienne capitale envoutante de Xi’an. Après plus de 4 ans de vie de ‘pseudo’ chinois d’outre-mer, cette aventure bouclera la boucle d’une alliance franco-chinoise, riche, tumultueuse, fatigante, sans regret… Xi’an m’avait accueilli les bras ouverts et j’avais sauté avec bonheur dans son monde tellement condensé de la vie chinoise, avec son histoire et sa culture ancestrale, ses quartiers populaires de sa république du même nom, ses nouveaux riches et aussi ses infatigables migrants des campagnes. Je m’étais enfin décidé à narrer mes exploits, qui sans être héroïques ou extraordinaires, restaient, en raison de mes voyages et de mon travail, tout de même ‘extra ordinaires’.

Puis la parenthèse intense du Shaanxi prit fin. Il fallut reprendre le courage d’écrire et de tenter d’animer cette belle Pagode Bleue de bouts de vie pas comme les autres. Mais les bonnes intentions sont souvent ternies par la vie qui passe trop vite, les imprévus heureux ou plus délicats rencontrés en chemin et les humeurs du moment qui vont avec… D’autres bouts de vie se sont ouverts et se sont refermés. La Pagode bleue n’a pas la vitalité qu’elle mérite, mais elle survit ! Et me revoilà maintenant en plein regain d’énergie narrative, alors profitons-en !

La Pagode Bleue renait une fois encore de ses cendres jamais vraiment refroidies et toujours chaudes dans mon cœur. Au programme, un (long) flashback de 11 ans de vie humanitaire et ma propagande pour cette planète bleue, qui tend à perdre trop de sa belle couleur malgré la richesse de ses habitants. Chacun a un devoir de citoyen du monde. A défaut de pouvoir changer le monde, j’ai pris le parti de militer pour elle, qu’elle garde sa belle couleur pour les générations futures. La planète (et ses pensionnaires) n’a pas la vie facile mais elle reste grande, belle, passionnante et pleine de ressources, si tenté qu’on y prend garde. La Pagode Bleue en redécouvre quelques parties insolites pour partager ce qui se passe en dehors de chez nous et pour aider à la préserver.

5 ans jour pour jour, re-re-re la bienvenue dans ma maison, ma pagode du monde ! Lisez, aimez, réagissez, critiquez, réfléchissez, partagez ! La Pagode Bleue ré-ouvre ses portes…

3 avril 2012

Les poissons volants ne… volent plus à la Barbade !

La gastronomie de la Barbade n'a rien d'extraordinaire mais il existe quelques bons petits plats du coin, dont l'incontournable – qui décroche aussi la palme de l'originalité - poisson volant (!), que l'on déguste pané entre 2 miches de pains (ne pas s'attendre à la bonne baguette bien fraiche et bien croquante du boulanger, au risque de déprimer...) ou - mon préféré - grillé au barbec', avec quelques 'ground provision' (patates douce et anglaise) et une part bien consistante de Macaroni Pie. Il faut bien ca pour aller se bouger les fesses, au rythme express de lapins fornicateurs, sur les pistes de soca.

Ah oui au fait, la patate anglaise, c'est la même que celle de chez nous… Après des guerres de territoires entre anglais, français, espagnols, hollandais (comme s'ils se croyaient tous chez eux), la majorité des Antilles est finalement revenue aux colons anglais, d'où… le nom d'ici de la pomme de terre qui est pourtant la même que dans les jardins français. D'ailleurs chose curieuse, la patate est originaire, comme chacun sait, des Amériques avant d'être importé au 16e siècle en Europe et de prendre un nom à connotation occidentale. Perte d'identite pour cette immigrée, qui elle heureusement semble être acceptée par tous... C'est ca la discrimination positive ???

Aller en vacances à la Barbade et ne pas tester le poisson volant, c'est un peu comme si on oubliait d'aller sur les plages pendant le séjour sur l'ile ! Comme le tourisme est l'activité majeure, il en faut des quantités de poissons pour satisfaire la curiosité et la gourmandise des vacanciers. Sauf que, malheur !... Les bateaux de pêches reviennent de plus en plus vides, les petits restos d'Oystins peinent à en recouvrir leurs grils et le précieux sésame se laisse vraiment désirer sur les étals des vendeurs au point que le prix de vente est passé de 10 à 18 Bajan Dollars… Alors ils sont où, ces fameux poissons volants ? Se cachent-ils sous l'eau ? Un comble non ?

En fait, personne ne sait trop… Il semblerait que les pêcheurs doivent s'éloigner de plus en plus des cotes de la Barbade et vont maintenant loin au sud, près des cotes de l'ile de Tobago (du pays qui en tire son nom, Trinidad et Tobago). 2 options sont les plus plausibles. La première serait liée à la migration des bancs de poissons qui notamment suivent les algues brunes (Sargassum) qui envahissent parfois les plages de la Barbade. Beaucoup trop durant l'été 2011 d'ailleurs; le Sargassum qui s'entasse et se décompose sur les plages de sable et de vacanciers 'blancs', n'est pas l'allié du tourisme… Depuis l'été, les poissons volants se sont faits la malle. Suivraient-ils les algues qui naviguent au gré des courants ? Possible, mais une autre possibilité (rien de vraiment très prouvé en fait, hormis que ca vient de mon instinct hors pair d'écolo !) serait la surexploitation de cette pêche depuis de nombreuses années pour répondre aux appétits croissants des ventres touristes dans cette petite zone de la planète. Pas impossible non ?

En tout cas, cet exemple pourrait être un bon rappel à l'ordre aux autorités de ce ravissant petit pays, qui dépend tant de la beauté de ses paysages. De manière plus élargie, la Barbade doit se méfier de ces contretemps environnementaux et ainsi ne pas oublier qu'elle est un tout petit pays qui consomme sans doute beaucoup trop d'eau claire et d'électricité qu'elle n'en aurait les moyens. Bien sur le tourisme aide les familles bajan à sortir de la pauvreté. Mais les vacanciers aux gouts de luxe aiment tant l'air conditionné, les terrains de golfs bien verts et les beaux jardins bien arrosés. Attention aux retours de bâtons…

Allez pour la route, ma super blague qui n'a pas marché du tout ici... Je l'ai essayé en anglais, sans succès. Je me suis alors dit : ils ne comprennent rien à l'humour français ceux-là !.... Comment pêche-t-on les poissons volants ? Avec un filet bien sur, … de tennis mis au dessus de la surface de l'eau ! hé hé… elle me fait bien marrer, cette blague que j'ai créé moi-même ! En rentrant, je l'ai fièrement raconté à mon neveu Noah, 5 ans. Il m'a dit : t'es trop nul Tonton… Bon, de toute façon, les poissons volants ne volent plus.

Tchooo !

Y.

1 avril 2012

Mon deuz' éditorial politique !

Un post en forme de blague pour un 1er avril ? Oui ca serait rassurant. Malheureusement, les perspectives du paysage politique français des 5, 10 voire 20 prochaines années n'ont rien de vraiment drôles. Je n'arrive pas à comprendre… La France a à l'évidence des bases historiques, culturelles, sociales et même financières (on est quand même l'un des pays les mieux notés des agences de notations non ?) qui pourraient lui donner des perspectives d'un bel horizon. Vous n'êtes pas convaincu ? Imaginez seulement que la majorité des pays de la planète souhaiteraient les avoir, ses bases. Je n'arrive pas à comprendre… qu'avec ces forces collectives, on ne se laisse représenter que par des personnages et des partis politiques de si piètre qualité et pire aux manières si malhonnêtes. Effectivement ce sont des as de la communication, de vrais roublards capables de faire avaler n'importe quoi. Mais franchement, est-ce une raison pour que le peuple français les avale ? Chaque peuple démocratique a ses représentants qu'il mérite, on n'a pas de quoi être fiers alors…

Avant de m'exiler sous le soleil des tropiques, j'ai passé 3 semaines à ne manquer quasiment aucune émission politique à la télé. Il parait que c'est la crise (ce n'est pas nouveau, mais c'est vrai qu'on s'y enfonce de plus en plus), alors j'ai fait l'effort de bien étudier chacun des candidats afin de faire le bon choix. Je ne mentionne pas ici les idées dégradantes des extrêmes, tellement honteux que je les mets directement à la poubelle. Au-delà du fait - pas très important au regard du reste - qu'au final, alors que ma motivation première est de virer Sarko, je ne sais même pas qui choisir, il faut bien se rendre à l'évidence - désolé de vous le rappeler – qu'on n'est pas sorti de l'auberge ! L'heure est grave parait-il, mais l'heure l'est encore plus quand on regarde la pauvreté des propositions et le manque de perspectives réelles !! Bref, ce n'est pas avec des mesurettes électoralistes à 2 balles que la situation va changer.

On se paie même le luxe d'avoir un président qui présente un bilan de centaines de milliards de dettes supplémentaires, un chômage qui crapahute (alors que l'objectif annoncé était le plein emploi…), des comportements loin de la prestance du poste et une façon de gouverner très politique politicienne et souvent scandaleuse (les exemples sont nombreux…). Et voila-t-y pas qu'il se retrouve en tête des sondages ! Incroyable non ? Ils peuvent nous prendre pour des cons, va ! Et ca en dit long sur la qualité des autres candidats : même avec ces handicaps apportés sur un plateau, ils ne sont pas capables de rassembler et de faire des meilleurs scores... Comment croire en la politique et espérer de bonnes choses avec tout ca ? Après une campagne de bas niveau, nous voila donc repartis pour des années de politique de bas niveau. Je peux vous dire qu'à l'étranger, les français sont vraiment vus comme des charlots, des têtus avec de belles ornières sur les solutions de la crise, en plus de cette idée malsaine mais bien installée que les français sont de plus en plus racistes… Ca fait plaisir non ? Quel que soit le président en mai, ca ne va pas aller mieux, autant s'en convaincre maintenant et se préparer à cette lente mais irréversible descente... Sarko et sa bande de nouveaux personnages politiques n'ont rien apporté de rupture et le changement ne sera pas pour maintenant non plus, quoi qu'en disent les autres.

La solution ? Va savoir… Ca ne sert à rien de voter blanc car les politiques n'en tiennent pas compte, ne pas votez pour protester alors ?... En tout cas, la solution n'est pas pour maintenant. Il faudra du temps, une génération je pense, le temps de changer profondément les mentalités et donc de forcer les politiques à gouverner différemment. Je suis vraiment persuadé que la société civile a un rôle très prépondérant pour changer cette société qui va vers le bas, à plein des égards. Sans doute que le changement réel et profond (nécessaire non ?) viendra de ces groupes de pensée et de plaidoyer, qui sont sains et sans arrière pensée personnelles ou nauséabondes. Dommage que la société civile ne soit pas assez influente pendant cette campagne, mais c'est évident que le réflexe citoyen du peuple français n'est pas assez marqué. Le sera-t-il ensuite ? Espérons que oui, que nos enfants trouvent normal de s'impliquer de manière honnête dans la vie publique. Le changement passe donc par l'éducation des futures générations à ces réflexes citoyens. Autant bien préparer le terrain à nos enfants : tout faire pour que nos enfants soient convaincus que la société civile et ce qu'elle représente soit une nécessité et renforcer petit à petit la société civile qui lutte pour un monde humain, solidaire et responsable. En attendant, on a les politiques que l'on mérite, et on serre les dents…

J-quand avant un nouveau président ?...

Tchoooo.

Y.

Publicité
1 2 3 > >>
Publicité