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La Pagode Bleue
30 juillet 2013

Revanche mijotée

Continuons l’aventure américaine avec une revanche bien basse et vile de mes déboires douaniers : parlons un peu cuisine !

Il y a des clichés qui ont la vie dure, mais certains s’alimentent d’une bonne dose de réalité. La (mal) bouffe américaine en fait partie. Bien sûr comme tout stéréotype, il faut une bonne cuillère d’exagération, une pincée de pas tout à fait vrai et pour éviter la fadeur et relever le tout, saupoudrer le tout d’exceptions, enfin j’espère…  Vous verrez y’en a pour tous les (mauvais) gouts.

La vengeance est un plat qui se mange froid, alors commençons par le sandwich ! Le Yankee de base se caractérise par un manque certain d’appréciation des bonnes choses, des bonnes saveurs et de la qualité des produits locaux. Tout le monde ne peut être un fin connaisseur en cuisine (je n’en suis moi-meme pas un) ; mais il y a un minimum quand même ! Alors qu’un simple bout de pain bien frais, croquant et à la croute un peu grillée permet au minimum de réussir un sandwich tout simple, et bien non ! Pour être ‘hmm it’s so goooood !’, un sandwich US doit avoir un pain très moelleux, voire caoutchouteux et rempli de sauces préfabriquées et surchargés en tranches de jambon sans gout (celui du supermarché en a 5…).

Le pain ? Pas de boulangerie au coin de la rue (mis à part dans les quartiers ‘shishi’ tendanco-modernes de DC). C’est comme ça pour tout là-bas : pas de boucherie, pas de fromagerie non plus, très très très peu de marchés, pas de commerce de proximité, hormis la station-service (hmmm !) et la pharmacie qui vend 24h/24 des chips et de l’alcool. Business oblige : tu y rentres une première fois pour tomber malade et tu y retournes pour te soigner !

Bref, pour aller chercher son pain, il faut se rendre au supermarché. A côté d’un long rayon de pain tout mou, tout carré, tout coupé en tranche prêt à compresser un morceau de hamburger chimiquement étrange, the French baguette - ou the French Stick selon le niveau de libido du chef de rayon – est là, exhibée dans un tout petit panier, toute mollassonne qu’elle est, laissée au rare bon vouloir de quelques passants ‘connaisseurs’ qui se feront une soirée ‘French Cuisine’, version locale en apéritif ‘du pain, du vin, du boursin’...

Version locale disais-je, cela veut plus ou moins dire : (1) mieux apprécié des ‘fines’ bouches ricaines, le pain est souvent remplacé par des Crackers. (2) Le vin ne sentira pas le bouchon puisqu’il n’en a pas ! Et (3) à défaut de Boursin, déjà pas très haut de gamme on en conviendra, le Gouda (et autres fromages jaunes, oranges, verts, etc.) plaira beaucoup mieux aux invités. C’est comme si on buvait l’apéro autour d’une bonne Villageoise, avec une Vache qui Rit et des Tucs en fait !

Quand ils viennent en France se promener sur les marchés du sud de la France ou d’ailleurs, les touristes américains doivent vraiment hallucinés. Ou peut-être sont-ils simplement frustrés de ne pas trouver des stands de chips ou de soda ? Mais comment je fais mon marché sans pop-corn ?!... La visite du supermarché ('Giant, the quality food!' c'est le slogan) se finit avec un chariot vide de bons produits du terroir (‘terroir’ est d’ailleurs un mot qui n’existe pas en anglais), mieux vaut aller se faire un petit restau.

Mauvais choix quasi assuré, même à 40 ou 50 dollars hors vin ! Les restaurants sont souvent pleins mais ce n’est pas un gage de qualité. Peut-être est-ce lié au fait que les américains n’ont pas une forte culture culinaire, ce qui les fait s’éloigner de leur micro-onde autant que possible ? Certains Sport Bars sont vraiment sympas et en plus pas chers. Tu y vas pour passer un bon moment, mais pas forcément pour apprécier ton plat supersizé… Et dans les autres restaurants qui prétentieusement proposent un cadre et des prix haute gamme, un conseil : ne prenez jamais de salade, servie avec sa sauce chimique tout prête. Je n’arrive pas à comprendre : comment un chef de cuisine peut-il avoir son diplôme et ouvrir un restaurant de ce genre sans savoir préparer une simple vinaigrette !?!

L’avantage quand on en arrive à ce point, c’est qu’on apprend vite : moi je me suis mis à ne manger que des burgers ! Pour ça, les américains ont un vrai talent, c’est une valeur sure de la cuisine yankee. Ironie de l’impérialisme culturel et commercial américain, nos villes et campagnes ont été inondées des plus mauvais hamburgers que les américains peuvent faire : le Mac Do ! The French paradoxe, once again…

Rendons tout de même un hommage sincère, vibrant et ému à ce qui me semble être la plus belle création culinaire du pays (je dis ça pour chaque pays anglo-saxon) : les bars ont des bières très bonnes. Pour ce qui est du vin, beaucoup l’apprécient, mais pas vraiment en mangeant pour accompagner les plats. D’ailleurs je me rappelle cette pub dans un magazine touristique d’un restaurant vantant sa cuisine comme la meilleure de la région et que pour preuve, il y avait une photo d’un plat avec un bel homard, des langoustes, des huitres et… une bouteille de vin rouge (et son bouchon en plastique qui se visse !). Tout un symbole de l’art culinaire plus porté sur le visuel et les produits qui pètent plutôt que sur le raffinement des mets.

Un soir de repas à la maison avec des potes, je leur expliquais avec quoi boire un Pouilly Fussié que j’avais déniché sur un stand de supermarché. Je leur montrais alors comment un vin s’apprécie à l’œil, au nez et en bouche. Le gars en face m’expliqua alors que lui aussi en savait un rayon sur… le coca ! Combien rajouter de glaçons (5 apparemment) et comment choisir là où il achetait ses sandwiches en fonction de la qualité de la machine automatique des sodas. Là je me suis dit : ‘bien joué mon gars ! C’est une gentille et astucieuse moquerie de mes penchants un peu trop frenchy !’ Malheureusement, après m’être rendu compte qu’il était sincère et sérieux, je me suis retrouvé aussi incrédule que lui, tous les deux face à nos méthodes d’expert en vin et en coca…

Heureusement, l’Amérique de la vraie cuisine se débat pour exister et trouve son public. Quelques restaurants de qualité ont ouvert leurs portes à Washington et de plus en plus de ‘the People of the United States of America’ ne se retrouvent pas dans cet inventaire grinçant. Bravo à eux d’exister dans cet univers étouffant de la ‘mal bouffe’.

Ah ! Me voilà bien vengé maintenant, ça fait du bien ! Ça m’a donné faim tout ça. Moi, the Arrogant Frog, si je me faisais une bonne rissolée d’escargots avec plein d’ail et de beurre ? En fait non, je vais plutôt passer au Drive me prendre un Mac Do…

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